Comme
prévu, le Codeco, hier, a accouché d’une souris, Celui du 14
janvier s’annonce plus tendu, entre la présentation de
l’Arlésienne (le fameux projet de baromètre pour prendre des
décisions enfin moins subjectives… à condition qu’il soit rendu
public) et discussion sur Voldemort (l’obligation vaccinale, dont
on ose à peine prononcer le nom mais qui s’impose de plus en plus
dans d’autres pays). D’ici là, on pourrait avoir atteint le pic
des personnes testées positives au Covid, dont le nombre explose. Et
la rentrée aura eu lieu, avec des règles de quarantaine assouplies.
Rentrée autant que possible en télétravail pour les adultes, en
présentiel – avec masque obligatoire dès 6 ans – dans les
écoles. Lundi, il n’y aura carrément plus de quarantaine dans
l’enseignement fondamental, même pour un élève qui aurait eu un
contact à haut risque en dehors de l’établissement.
Première
remarque : cette décision part du principe que tous les locaux
scolaires sont bien ventilés et/ou disposent de détecteurs mesurant
les concentration de CO2. Or, le secteur l’affirme : c’est
loin d’être le cas partout, et c’est d’autant plus
embêtant que le variant Omicron est nettement plus contagieux et
qu’il faudra désormais deux fois plus de cas positifs pour qu’une
classe soit fermée.
Deuxième
point : les autorités recommandent aux parents de faire subir à
leur progéniture un autotest avant la rentrée mais aussi une fois
par semaine. Recommandent, pas imposent. Ce qui veut dire que tout
dépendra de la bonne volonté desdits parents, du fait qu’ils
soient au courant de la mesure – de plus en plus de gens
« décrochent » par incompréhension, par lassitude ou ne
suivent même plus l’actu – ainsi que de leur capacité à bien
effectuer le prélèvement. Pas mal de voix s’élèvent, dès lors,
pour demander que ces tests soient plutôt systématiquement
organisés dans les écoles.
Troisième
problème : en admettant que les familles se plient à cette
recommandation, encore faut-il qu’elles soient aptes à en
supporter le coût. Un tel test se vend entre 6 et 8 euros en
pharmacie. En grandes surfaces, le prix moyen est de 3,50 euros. Ce
sont… les mêmes, mais les supermarchés obtiennent des rabais vu
le nombre élevé de commandes, et encore peut-on en trouver deux
fois moins chers dans certains pays voisins. Il reste 22 semaines de
cours. Pour un couple avec deux enfants, ça signifie 44 autotests
soit plus de 150 euros. Ajoutez les masques, le gel, combinez avec
une inflation record annoncée à 5 % en 2022 (rien que
l’énergie : près d’un million de Belges demandent un
étalement des paiements !) et les difficultés financières
inhérentes à la crise (chômage économique, etc.) qui plombent
aussi les comptes de la classe moyenne : tout le monde ne pourra pas
se le permettre.
Les
Verts flamands de Groen, le réseau wallon de lutte contre la
pauvreté, des associations de parents, entre autres, réclament du
coup la gratuité de ces autotests pour les enfants en âge de
scolarité. Le ministre fédéral de la santé souligne d’abord que
les gens à faibles revenus ont droit à deux autotests par personne
et par foyer toutes les deux semaines, pour un euro le test, en
pharmacie. Certes, mais ça ne concerne que deux Belges sur dix, et
pour certains d’entre eux ça restera encore trop cher. La
gratuité, donc ? « Impossible. Ce n’est pas une
question de principe, au contraire. Dire que le gouvernement n’a
pas les moyens ne serait pas un bon argument non plus, affirmait
Frank Vandenbroucke en conférence de presse post-Codeco. La vraie
raison est qu’on ne peut pas établir pour les grands magasins un
système de remboursements comme dans les pharmacies avec les
mutuelles. C’est difficile. » Impossible ou difficile ?
Faudrait savoir ! « Cela demanderait un an ou deux de
travail et de préparation administrative. » Sérieux ?
Rien que ça ? De qui se moque-t-on ? Et quand le ministre
ajoute : « Les pouvoirs locaux, les CPAS par exemple,
peuvent s’ils le souhaitent acheter des autotests et les mettre
gratuitement à la disposition des allocataires. », là, on est
dans l’utopie la plus totale. Renvoyer – publiquement ! –
la patate chaude vers les communes, c’est feindre d’ignorer que
nombre d’entre elles sont déjà dans le rouge actuellement et ne
peuvent donc pas se permettre de poser un tel geste.
Bref,
entre des présupposés d’infrastructures, de coopération de
chacun et un refus de voir l’impact financier, une fois de plus nos
édiles décident d’abord et réfléchissent (?) ensuite. Un
syndicaliste de la CSC Enseignement résume bien la situation :
« Quand on prend des mesures, soit on y croit et on se donne
les moyens de les appliquer, soit ce sont juste des effets d’annonce.
Il faut arrêter de croire que ça va se faire tout seul ! ».
Pas mieux.