6 %.
D’après le Bureau du Plan, l’inflation pourrait atteindre 6 %
en Belgique en ce début d’année. Du jamais vu depuis près de
quarante ans ! Un chiffre qui est notamment dopé par la flambée
des prix de l’énergie : un ménage disposant de contrats à
taux variables devrait débourser annuellement 201 euros
supplémentaires pour l’électricité et 846 euros pour le gaz.
Pour certains,
les montants des factures vont carrément quadrupler, les rendant
parfois impayables, qui plus est avec une TVA à 21 %. Tout
ça pour un besoin primaire ! Des
hausses d’autant plus astronomiques que, vu la situation sanitaire,
beaucoup de gens sont en télétravail donc chauffent plus, et alors
qu’on nous prévoit une pénurie
de bois
de chauffage. Le
gaz, nous l’importons massivement, essentiellement via des
gazoducs. L’électricité, 55 % de celle dont nous avons
besoin, donc plus de la moitié, est produite par nos centrales
nucléaires. En principe, plus pour longtemps. Fin décembre, le
gouvernement a annoncé que tous nos réacteurs vont très
probablement fermés en 2025. La décision définitive interviendra
en mars après un rapport d’Elia – gestionnaire du réseau
électrique – sur la sécurité d’approvisionnement du pays. On
voit mal ce qui pourrait inverser la tendance en quelques mois. Sortir
du nucléaire : un débat qui agite la Belgique depuis 2003. Le
gouvernement « arc-en-ciel » (libéraux, socialistes et
écologistes) opte alors, sous l’impulsion des Verts, pour la
fermeture des centrales. Fermeture
sensée intervenir entre 2015 et 2025, le temps de trouver des
alternatives valables à la production d’énergie. La production
d’électricité par d’autres biais – les énergies naturelles,
renouvelables, qui ont l’avantage de permettre de respecter les
accords internationaux sur le climat – progresse mais
beaucoup trop
lentement. Or le temps presse : Engie-Electrabel, qui exploite
nos centrales
et martèle depuis des mois que le nucléaire ne fait pas partie de
ses plans pour le futur, a envoyé récemment au Premier Ministre une lettre où
elle juge impossible d’à nouveau prolonger les réacteurs. Unique
réaction du gouvernement ? OK, on ferme, sous conditions.
Alexander De Croo : « La première priorité est d'offrir
une sécurité d'approvisionnement en énergie. Pour ça, nous avions
retenu un seul projet jusqu'à présent, l'usine de gaz de Vilvorde,
mais il n'a pas reçu de permis (NDLR : de la ministre régionale
en charge) pour l'instant. S’il n’est toujours pas délivré pour
le 15 mars, nous examinerons les solutions de rechange. » Non ?
Déjà ? Alors que ça fait deux décennies qu’on en parle ?
Ces
prises (ou absences de prises) de position ont de quoi choquer. Elles font d’ailleurs
bondir Loïk Le Floch-Prigent. Longtemps à la tête de sociétés
spécialisées dans le secteur énergétique (Elf, Gaz de France,…),
conseiller de plusieurs présidents de la République, le Français
s’étrangle : « Affirmer
: ‘Vous me l’auriez dit le
1er
janvier 2021, j’aurais pu le faire’ et le 1er
janvier 2022 : ‘C’est trop tard, je ne peux plus le faire’,
ce n’est pas cohérent avec l’expertise scientifique, technique
que je peux avoir de quarante ans d’énergie ». Quant au
manque de réaction du gouvernement belge : « On ne reçoit
pas un courrier comme celui-là sans poser des questions sur le
programme de maintenance qui a été effectué, où on en est de
l’utilisation de ces centrales et combien de temps encore elles
peuvent-elles maintenues ! » Depuis
des années, la gestion de l’approvisionnement en énergie est
inexistante en
Belgique.
En
avoir
vendu la production à l’étranger était une
première
étape dans
l’appauvrissement
de notre société. Dans une économie aussi ouverte que la nôtre,
donner les clés de l’énergie à d’autres
pays (notamment
la France) était et reste incompréhensible. Car
si on veut tuer la concurrence, la méthode la plus évidente
est
de faire en sorte que les
prix de revient grimpent,
et là encore le plus simple est d’augmenter ses coûts
énergétiques. Continuer à démanteler notre production nucléaire
sans avoir au préalable mis en place une production alternative, et
cela uniquement de manière dogmatique, est tout
bonnement scandaleux
voire criminel.
Assurer l’alimentation en gaz à partir d’états
pas
toujours bien intentionnés envers l’Europe est aussi faite preuve
d’une irresponsabilité, ou au minimum d’une naïveté, coupable.
En tous cas, la non-gestion de ce pays amène une partie de plus en
plus grande de la population au seuil de pauvreté, voire
en dessous.
Il est plus que temps que
celle-ci prenne conscience
que le salut viendra uniquement
d’un nettoyage en profondeur de ces
pseudos
représentants, élus
ou nommés,
qui en fait se moquent des citoyens. Prendre
les devants aurait consisté, pour les coalitions qui se sont succédé
au pouvoir, non seulement à se pencher plus vite et plus
profondément sur les énergies alternatives, mais aussi à ne pas
laisser Engie-Electrabel assurer (ou pas) l’entretien des centrales
nucléaires a minima. Résultat : nous sommes aujourd’hui
acculés, avec le spectre d’une énergie de plus en plus impayable
et les conséquences que cela entraîne non
seulement sur
les ménages mais sur l’industrie. Loïk Le Floch-Prigent :
« Le
nucléaire est un moyen bon marché de produire de l’électricité.
L’industrie européenne ne survivra pas au maintien d’un coût
très élevé de l’énergie. Nous ne pourrons pas être compétitifs
par rapport à la Chine et aux pays asiatiques si nous continuons les
dérives du prix de l’énergie. Ce n’est pas possible ! »Allo,
la rue de la loi ? Allo ?…