Tout augmente… sauf la capacité de réaction de nos « dirigeants ».
Certes, ils sont intervenus pour tempérer la flambée des prix des carburants à la pompe, qui restent toutefois toujours très élevés. Les personnes qui, par obligation et non par choix, roulent beaucoup sont fortement pénalisées, certains en viennent même à payer pour aller travailler. Il ne faut pas s’étonner dès lors que les certificats médicaux pullulent. Même si l’État – qui a cruellement besoin d’argent – continue à empocher une belle marge avec les accises, force est de reconnaître qu’il n’a aucun moyen de pression sur le prix du baril de brent qui ne fait que suivre la demande (plus élevée que l’offre), et très peu sur la guerre en Ukraine, dont on en viendrait presque à se demander si Poutine n’a pas attendu que nos économies occidentales soient entamées par le Covid pour la lancer.
Cette guerre entraîne d’abord une explosion des factures énergétiques. Des allocataires à faibles revenus, mais aussi de plus en plus de travailleurs, n’ont plus les moyens de se chauffer ou de s’éclairer correctement. Les compteurs à budget poussent comme des champignons. Et là, carton rouge au gouvernement. Promise le 15 mars pour tout achat de mazout, propane ou butane depuis janvier, la réduction automatique de 200 euros n’est pour l’heure que du vent. Il est acquis que la mesure n’entrera pas en vigueur avant l’été au mieux, la loi n’ayant même pas encore été approuvée par le Parlement ! Quant au chèque de 100 euros de prime, quel que soit le type de chauffage, ses modalités pratiques n’ont toujours pas été tranchées. Qu’est-ce qu’on attend ? Qu’est-ce qui est plus urgent ? Rappelons en outre que pour le gaz, la période d’aide s’étend d’avril à octobre, soit les mois où on consomme le moins (17 % du total). On se f… de qui ?
Le coût de l’énergie se répercute sur celui des denrées alimentaires. Les pâtes ont augmenté de plus de 25 %, le pain de plus de 7 % : deux ressources de base par excellence. De plus en plus de gens se tournent vers des produits blancs, mais surtout vers ce qui est nourrissant sans se ruiner. Fruits, légumes, viandes et poissons frais sont sacrifiés par nécessité. Au boulot, le retour au présentiel n’est pas forcément synonyme de cantine : nombreux sont ceux qui, parce que c’est moins cher, font leurs tartines. Il ne faut être diplômé de l’école de médecine pour deviner ce qu’une alimentation de mauvaise qualité et/ou le fait de sauter les repas va avoir comme effet sur la santé. Santé physique d’abord, mais le mental est aussi tiré vers le bas. Comment rester serein quand, même en écartant tout le « superflu » (sorties, restos, culture, vacances – des secteurs qui, déjà, parlent d’un impact potentiel pire que celui du Covid –, etc.), on est dans un système de survie, contraint de devoir choisir ce qu’on pourra payer à la fin du mois alors qu’il n’y a déjà plus que l’indispensable ?
On pourrait encore ajouter les crédits hypothécaires, au plus haut depuis trois ans. Ou le fait que de nombreux sinistrés des inondations de l’été dernier, qui ont perdu gros et doivent chauffer plus pour assécher leurs murs, attendent toujours les aides promises par la Région Wallonne, alors que les assurances, elles, augmentent. Le Belge (décidément bien docile : jusqu’à quand ?) espère une hausse du montant des chèques repas, une réduction de la TVa. Celle-ci entraînerait un manque à gagner pour l’État, pas étonnant que les ministres se renvoient la balle. Celui de l’économie souligne que « c’est à l’échelle européenne que sont prises les plus pertinentes ». Ouf, on est sauvé ! Le temps que les 27 se mettent d’accord, on sucera tous des pissenlits, certains par la racine. « Réduire la TVa aurait pour effet de réduire l’indexation des salaires », ajoutent nos édiles. D’abord encore faut-il être salarié ; ensuite l’indexation suit toujours l’augmentation des prix et ne la couvre pas entièrement ; et puis l’indice santé – principal outil du calcul d’indexation – ne prend pas en compte tous les types de dépenses, à commencer par les carburants.
Le
citoyen
perd de plus en plus confiance dans une caste politique qui, par son
inaction, l’y
encourage en favorisant
une paupérisation galopante. À
crise exceptionnelle, réponses exceptionnelles. À quand une
contribution spéciale pour les entreprises qui réalisent des
bénéfices hors normes afin de limiter l’inflation ? Idem
pour les revenus provenant des actions boursières, sans même
évoquer la spéculation ? Les
principales victimes de cette crise économique, c’est la classe
moyenne, celle qui
pourtant doit
maintenir
le pays debout. Quand donc nos « responsables »
le comprendront-ils
et agiront-ils en conséquence ?...